La logique du vivant

2. D'où vient le concept de "logique du vivant" ?

2.3. Les interactions entre organismes

Un autre moteur très puissant de la diversification du vivant est l’ensemble des interactions qui existent entre les organismes, entre les parasites et leurs hôtes, entre les phytophages et les plantes, entre les prédateurs et leurs proies, entre les plantes à fleurs et leurs pollinisateurs.

Imaginons deux espèces en compétition pour la nourriture. Subir cette compétition a un coût pour l’organisme, qui peut se répercuter sur le nombre de descendants produits. Cela crée une situation favorable à la sélection de nouveaux caractères, on parle de pression de sélection, qui réduisent l’intensité de cette compétition via, par exemple, le changement partiel de régime alimentaire, ce qui a pour effet de rétablir une longévité plus grande ou un effort reproductif plus élevé. En d’autres termes, la réponse évolutive à la compétition est l’évitement de cette compétition par la différenciation de l’organisme.

La compétition est un exemple d’interaction à effet négatif pour les deux partenaires. Il en existe d’autres: parasitisme, herbivorie, prédation, qui se traduisent toutes par des adaptations réciproques qui tendent à minimiser l’intensité de l’interaction.

Un exemple d'interaction
Un exemple célèbre dans ce domaine est celui de la phalène du bouleau aux alentours de Manchester. Ce papillon nocturne se pose le jour sur des troncs d’arbres, notamment ceux du bouleau. La plupart des individus sont de couleur claire ce qui leur permet de se rendre invisibles sur le tronc blanc des bouleaux et d’échapper aux prédateurs. Quelques individus sombres existent également, mais en nombre très faible car l’essentiel de la prédation par les oiseaux s’exerce sur eux. Cette situation a été modifiée pendant des décennies, lors de la période de forte activité industrielle dans la région qui avait conduit à une pollution de l’air importante et à l’apparition d’une couche de suie sur le tronc des boulots. La prédation sur la phalène s’est alors déplacée sur les formes claires qui étaient devenues très visibles, tandis que les formes sombres sont devenues majoritaires. En d’autres termes, une bonne partie de la survie de la phalène du bouleau s’est jouée autour de la diversité existant au sein de l’espèce, en l’occurrence la diversité des couleurs.
Phalène du bouleau, variété blanche
Phalène du bouleau, variété noire

Source : O. Leillinger, Wikimedia, CC BY-SA 2.5

Bien entendu, à côté des interactions perdant-perdant comme la compétition, il existe des interactions gagnant-perdant comme la prédation, le parasitisme, l’herbivorie, et des interactions gagnant-gagnant de type symbiose ou mutualisme qui elles aussi génèrent une logique d’adaptation réciproque et permanente qui aboutit au maintien ou à l’accroissement des capacités des partenaires à produire des descendants.