Anthropocène, Capitalocène, Plantationocène : qui est responsable ?

2. L'anthropocène : le procès de l'humanité

2.2. Par-delà nature et culture

Dans "Par delà Nature et culture", l'anthropologue Philippe Descola montre, que de l'Amérique du Sud à l'Océanie en passant par le détroit de Béring et les plaines mongoles, il existe de multiples exemples de sociétés et de cosmologies dont la dualité nature/culture est absente. La manière dont l'Occident moderne se représente la nature est la chose « la moins bien partagée » sur la planète. Il est faux de penser que la séparation entre humains et non-humains correspond à un stade plus avancé dans l'évolution de l'humanité : on constate l'absence d'un tel partage dans une société « avancée » comme le Japon contemporain.

Il existe donc différentes manières pour les humains d'organiser leur rapport au monde selon des schèmes qui permettent à un individu de donner du sens à ses perceptions, d'organiser ses émotions et sa pensée, d'interpréter des événements et de les communiquer au sein de sa communauté.

Descola montre que dans le monde le naturalisme (ou la séparation humain/Nature) est typiquement occidental et qu'il existe d'autres manières d'envisager les rapports entre humains et nature ou quatre types de cosmologies. Par exemple l'animisme, dont parlait Lynn White, présente un ordre naturel hérité d'une époque où humains, animaux et plantes n'étaient pas différenciés. Les animaux et les plantes sont, au-delà des différences corporelles et biologiques, des « sortes d'humains déguisés » et partagent avec ces derniers la subjectivité, la conscience, l'intentionnalité.


Ressemblance des
intériorités
Différence des
intériorités
Ressemblance des physicalités
Totémisme Naturalisme
Différence des physicalités
Animisme Analogisme

Adapté de "Une histoire des relations humains/Nature" par D. Méda, A. Ben Dhia et E. Delaherche, Université Paris Dauphine