Introduction au socle S3C

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Cours: A propos du socle S3C
Livre: Introduction au socle S3C
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: samedi 23 novembre 2024, 09:05

Description

1. L’habitabilité de la Terre en question

Le changement climatique est avéré et incontestable. Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui s’appuient sur une large revue de la littérature scientifique sur le sujet, ont démontré de manière probante le lien entre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre et ce changement climatique, dont l’augmentation des températures moyennes mondiales est un marqueur.

L’accélération de ce phénomène, observée depuis des années, peut se comprendre par le fait que plusieurs indicateurs-clés liés à des activités humaines émettrices de gaz à effet de serre ont aussi augmenté (et continuent de le faire) dans d’importantes proportions : consommation d’énergie, consommation de ressources naturelles, PIB, population mondiale, transports, tourisme, etc.

Cette « grande accélération » a des conséquences significatives sur la composante climatique du système Terre, mais pas seulement. D'autres perturbations, qui en plus interagissent entre elles avec parfois des effets d’emballement, en découlent : pollution de l’air, perte de fertilité des sols, diminution de la biodiversité, pollution et épuisement des ressources en eau, baisse des rendements agricoles, déforestation, épuisement des ressources naturelles, etc.

Parmi ces dynamiques, une fait aujourd’hui l’objet, avec le climat, d’une attention toute particulière. Il s’agit de la biodiversité. Sa dégradation, si elle se maintient ou s’accentue, pourrait menacer ni plus ni moins que l’habitabilité de la Terre pour les humains et bien d’autres organismes vivants. En 2019, le rapport global de l'IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, équivalent du GIEC pour la biodiversité) tirait la sonnette d'alarme : la biodiversité et les services écosystémiques connaissent un déclin global et l'activité humaine en est la principale responsable. Ce déclin s’opère à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier.

Accroissement des activités humaines, changement climatique, érosion de la biodiversité : autant d’évolutions dont l’océan par exemple peut témoigner. Son fonctionnement est aujourd’hui menacé par les pollutions, la surpêche, ou encore l’acidification. Il nous est pourtant essentiel en raison de la grande diversité de services qu’il nous rend : alimentation, stockage du carbone, régulation du climat, source d’inspiration.

Dans ce contexte préoccupant, il est crucial que les Etats, les collectivités territoriales, les politiques, les entreprises, les organisations de la société civile, les citoyens travaillent ensemble et co-construisent des pratiques plus durables, à la fois pour réduire les sources de pression sur les écosystèmes et s’adapter aux changements déjà subis. Si des mesures significatives sont prises dès maintenant, il est encore possible de prévenir les pires scénarios et de préserver un avenir plus vivable, notamment pour les humains.


2. Les limites planétaires

Elles existent et sont en train d’être atteintes et dépassées

Les limites planétaires sont un concept développé par des scientifiques pour définir les limites biophysiques de la planète Terre, au sein desquelles l'Humanité peut évoluer de manière sûre et durable. Ces limites ont été proposées pour plusieurs aspects clés de l'environnement, tels que le changement climatique, l'érosion de la biodiversité, le cycle de l'azote et du phosphore, l'utilisation des terres, l'acidification des océans, la pollution chimique, etc.

Le dépassement de ces limites peut entraîner des conséquences graves, imprévisibles et irréversibles pour la planète et les êtres vivants qui en dépendent, y compris les êtres humains. Par exemple, un changement climatique incontrôlé pourrait entraîner des événements météorologiques extrêmes, une élévation du niveau de la mer, des perturbations des écosystèmes et une perturbation des systèmes agricoles, ce qui aurait des répercussions majeures sur la sécurité alimentaire et la stabilité sociale.

Il est encore possible de prendre des mesures pour freiner, voire dans certains cas inverser ces tendances. En adoptant des pratiques sobres et durables, en réduisant notre consommation de ressources, en promouvant les énergies renouvelables, en préservant les écosystèmes et en mettant en place des politiques environnementales efficaces, nous pouvons travailler à rester dans les limites planétaires et à créer un avenir plus durable.

La prise de conscience de ces limites a conduit à des appels à l'action plus forts de la part des scientifiques, des militants et des décideurs politiques pour une transformation profonde de nos modes de production et de consommation (en d’autres termes : nos modes de vie), afin de préserver la santé de la planète et l’avenir des générations futures.

Chaque action que nous faisons et que nous allons entreprendre compte et va compter. Rien n’est inutile.  


3. Le plancher social

Il n'y a qu'une planète Terre, habiter ce monde commun pose la question de la justice, d'un espace juste et sûr : le plancher social

La notion de "plancher social" fait référence à l'idée qu'il existe un niveau minimum de conditions de vie et de bien-être en dessous duquel aucun individu ne devrait tomber. Cela signifie que chaque être humain devrait avoir accès à des ressources et à des opportunités essentielles pour vivre dignement, telles que la nourriture, l'eau potable, un logement décent, l'éducation, les soins de santé, l'emploi et la participation politique.

Quand on parle d’enjeux environnementaux et de limites planétaires, il ne faut pas perdre de vue les dimensions sociales et économiques de la durabilité. Les problèmes environnementaux, tels que le changement climatique et la perte de biodiversité, ont des répercussions disproportionnées sur les communautés les plus vulnérables et marginalisées, qui ont souvent une empreinte écologique plus faible mais qui sont les plus exposées aux dégradations environnementales et aux évènements extrêmes.

La justice environnementale consiste à garantir une répartition équitable des coûts et des avantages et des efforts liés à l'environnement et au développement durable. Cela implique de s'assurer que les décisions et les politiques environnementales tiennent compte des inégalités existantes et ne renforcent pas les disparités sociales. Il est pour cela essentiel d'adopter une approche inclusive et participative qui donne aux communautés marginalisées une voix dans les processus de prise de décision.

Un développement durable véritablement juste et sûr nécessite également une coopération internationale. Les pays développés ont une responsabilité particulière dans la réduction des inégalités mondiales. Par exemple, l'aide au développement – qu’il s’agisse de fonds verts, d’assistance technique, de transferts de technologies - est un levier pour leur permettre d'atteindre leurs propres trajectoires de durabilité.

La façon d’habiter notre monde commun doit être guidée par un tel principe de justice sociale et environnementale, que ce soit à l’échelle des territoires ou à celle des Etats. Garantir ce "plancher social" est indispensable d’une part pour tous ceux qui n’y ont que partiellement accès, et d’autre part pour accroître l’acceptabilité, la justice et l’efficacité des actions de préservation de l'environnement.


4. Les nouveaux défis de l’Humanité

S’adapter, atténuer, transformer et renoncer

Face aux défis environnementaux et aux limites planétaires, nous devons atténuer les impacts négatifs là où c'est possible, transformer nos pratiques, renoncer à des comportements qui amplifient les problèmes, et nous adapter à certains changements déjà effectifs ou inévitables. Cette approche holistique est nécessaire pour construire un avenir durable.

L'atténuation consiste à réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre et à limiter les facteurs qui contribuent aux problèmes environnementaux. Cela implique la rénovation thermique des bâtiments, la réduction de l’utilisation des combustibles fossiles, la transition vers des sources d'énergie décarbonées et renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique, la promotion de modes de transport durables et la conservation des écosystèmes qui séquestrent le plus de carbone.

L'adaptation consiste à développer des stratégies et des mesures pour faire face aux conséquences du changement climatique et d'autres changements environnementaux. Cela peut inclure des mesures telles que la végétalisation des villes pour réduire les îlots de chaleur, la gestion des ressources en eau dans les régions touchées par la sécheresse, l'adaptation des pratiques agricoles aux conditions changeantes,…. Toutefois, l’efficacité de ces mesures d’adaptation dépend de celle des mesures d’atténuation : moins nous atténuerons, moins nous pourrons nous adapter.

La transformation nécessite des changements rapides et fondamentaux dans nos systèmes économiques, sociaux et politiques pour créer une société durable. Cela signifie entre autres de repenser notre modèle de consommation et de production, promouvoir une économie circulaire qui réduit drastiquement les déchets et la consommation de ressources, et promouvoir des modes de vie plus durables.

Enfin, il est crucial de renoncer à des comportements qui amplifient les problèmes environnementaux. Cela peut inclure l'abandon des pratiques nuisibles pour l'environnement, notamment la consommation débridée, la promotion d'une culture de durabilité et le développement de valeurs compatibles avec la dignité des autres humains et le respect des limites planétaires.

L’enjeu est de transformer ce qui peut être perçu comme une contrainte aujourd’hui, à laquelle nous allons forcément vouloir échapper, en un projet qui va nous motiver, nous entraîner, et qui va potentiellement créer un nouveau contrat social.

En adoptant une approche équilibrée qui intègre l’adaptation, l’atténuation, la transformation et le renoncement, il devrait être possible de préserver nos conditions d’existence sur Terre et de créer un avenir plus souhaitable pour les générations futures comme pour bien d’autres organismes vivants. Ce qui implique de ne pas détruire le système vivant dont nous sommes, nous Humains, partie intégrante.


5. Savoirs, savoir-faire et savoir-être

De quels savoirs, savoir-faire, savoir-être avons-nous besoin pour créer un avenir durable de façon juste et efficace dans le temps et l'espace ?

Pour créer un avenir durable de manière juste et efficace dans le temps et l'espace, il est nécessaire de mobiliser un ensemble de savoirs (connaissances), de savoir-faire (compétences) et de savoir-être.

  1. Des connaissances scientifiques et techniques : il est nécessaire de s'appuyer sur les connaissances scientifiques pour avoir une compréhension systémique des enjeux, prendre des décisions et pouvoir agir en citoyen éclairé. Les connaissances scientifiques et techniques nous aident à comprendre les problèmes, à développer des solutions innovantes et à évaluer les impacts de nos actions. En revanche, elles ne peuvent pas être un alibi pour continuer à ne rien faire et espérer que « la science nous sauvera ».
  2. Une pensée systémique et une approche holistique : la capacité à comprendre les relations complexes entre les différents éléments d'un système, les interactions et les interdépendances entre les différentes composantes de notre société et de l'environnement est essentielle. Cela aide à aborder les problèmes environnementaux de manière holistique, en identifiant les leviers d'action et les conséquences de nos actions.
  3. Des compétences en résolution de problèmes : face aux défis environnementaux, nous avons besoin de compétences solides en résolution de problèmes. Cela comprend la capacité de collecter et d'analyser des données, la capacité de synthèse tant les données sont diverses et variées, d'identifier les problèmes sous-jacents, de générer des solutions novatrices, de collaborer avec d'autres acteurs et de prendre des décisions informées.
  4. Des compétences en prise de décision appuyées par du travail en équipe : cela comprend la capacité de prendre des décisions éclairées et responsables, de promouvoir la collaboration, de mobiliser les parties prenantes, et de mettre en place des politiques et des initiatives durables. La collaboration et un partenariat entre les individus, les communautés, les gouvernements, les entreprises et les organisations de la société civile est essentielle pour développer les compétences. Le travail en équipe est nécessaire pour la résolution de conflits et pour atteindre des objectifs communs. Cela inclut la capacité de travailler ensemble, de développer des partenariats, d'impliquer les parties prenantes et de favoriser la participation citoyenne. Il est important de promouvoir une approche inclusive qui donne voix à tous les acteurs concernés.
  5. Un esprit critique : cela comprend la capacité à remettre en question les idées préconçues, évaluer de manière critique les informations et les arguments, et prendre des décisions éclairées.
  6. Un savoir-être : la durabilité exige également une évolution des valeurs et des comportements. Il est important de promouvoir des valeurs telles que la responsabilité, la solidarité, l'équité, la résilience, l'empathie et le respect de la diversité. Les individus doivent être conscients de l'impact de leurs choix et de leurs actions.

L'éducation et la formation jouent un rôle crucial dans la sensibilisation à l'environnement et dans le développement d'une conscience écologique. En apportant aux individus les connaissances et les outils, en les aidant à développer leurs compétences, ils seront plus à-mêmes de comprendre les enjeux et défis sociétaux et environnementaux, d’évaluer l'impact de leurs choix et actions, de prendre des décisions plus sobres et plus durables ou encore d’agir et de s’engager pour préserver un état de la planète qui assure nos conditions d’existence.