Des indicateurs aux indices et tableaux de bord

Site: Moodle UVED
Cours: Les relations Humains-Nature(s) en anthropocène
Livre: Des indicateurs aux indices et tableaux de bord
Imprimé par: Visiteur anonyme
Date: vendredi 18 octobre 2024, 07:17

Description

1. A propos de la séquence

Acquis d'apprentissage

  • Connaitre les critères de construction d'un indicateur
  • Connaitre les stratégies possibles pour évaluer grâce aux indicateurs
  • Connaitre la complexité d'utilisation des indices dans le cadre environnemental

Durée de la séquence

  • 20 min

2. Les indicateurs : pour quoi faire ?

Quelle qu’en soit la nature, il est très difficile d’établir une stratégie, de la mettre en œuvre, de l’évaluer et de l’améliorer sans indicateur de mesure. On dit souvent dans le domaine des sciences du management que "ce qui ne se mesure pas n’existe pas". Cela ne veut pas forcément dire qu’il faut absolument le faire de manière quantitative mais simplement qu’il faut le faire.

2.1. Comment choisir les bons indicateurs ?

À partir de là, les critères pour construire un indicateur pertinent sont :

  • L’alignement direct entre l’objectif poursuivi et l’indicateur utilisé : cela peut paraître trivial mais cet alignement n’est pas si couramment réalisé. En particulier, il n’est pas rare que l’on substitue l’évaluation des moyens à l’évaluation de la fin.
  • Il faut que la construction de l’indicateur soit la plus simple possible, s’appuyant sur des éléments faciles à obtenir et dont la construction soit méthodologiquement la plus stabilisée possible.
  • Il faut que l’on puisse suivre l’indicateur dans le temps, que l’on n’ait donc pas besoin de le changer trop régulièrement, d’où l’importance de bien y réfléchir au moment de sa mise en œuvre
  • Enfin, il faut que l’indicateur puisse embrasser l’ensemble des dimensions inhérentes au projet, à la stratégie. Ainsi, pour citer Albert Einstein «Si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera toute sa vie à croire qu’il est stupide». L’intelligence étant multidimensionnelle, son évaluation ne pourra se faire sur la base d’un unique critère.

On utilise parfois l’acronyme S.M.A.R.T. pour caractériser les bons couples objectifs/indicateursRéf. biblio :

2.2. Indices ou tableau de bord ?

Pour répondre à l'exigence d'évaluation multidimensionnelle, deux stratégies sont possibles.

Établir des tableaux de bord avec un ou plusieurs indicateurs pour chacune des dimensions que l’on souhaite considérer

Par exemple, une analyse de cycle de vie va produire des résultats dans différentes dimensions environnementales : gaz à effet de serre, polluants atmosphériques, polluants aquatiques, prélèvement de ressources non renouvelables… On peut dès lors représenter l’ensemble de ces dimensions sur un même graphique (ce qui impose toutefois de poser des hypothèses de normalisation pour chacune des dimensions).

Le graphique suivant nous permet par exemple de comparer quatre projets de maison différents selon leurs impacts sur l’environnement. On voit dès lors qu’aucun projet n’est le meilleur pour l’ensemble des dimensions et qu’il va donc falloir expliciter les critères de priorisation entre ces dimensions pour choisir la solution qui pourra être considérée comme la moins impactante.

Graphique en radar des impacts annuels de 4 projets de maison.

Source : CSTB

Synthétiser plusieurs dimensions d'un problème dans un indice simplifiant l'évaluation

Les objectifs du développement durable (ODD) sont au nombre de 17 et pas moins de 244 indicateurs sont proposés pour en évaluer l’atteinte. N’ayant pas tous les compétences d’un pilote de ligne capable de prendre des décisions en considérant de nombreux paramètres simultanément, il nous paraît souvent préférable de synthétiser plusieurs dimensions d’un problème dans la construction d’un indice qui va simplifier la prise de décision et l’évaluation.

Un exemple quotidien est le Nutri-score qui caractérise la qualité nutritionnelle selon une note unique qui agrège :

  • la teneur en nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coques, huile de colza, de noix et d’olive)
  • la teneur en nutriments à limiter (énergie, acides gras saturés, sucres, sel).

Ainsi le consommateur n’a pas besoin de regarder la composition précise de chaque aliment pour choisir ceux qui seront à préférer.

Graphique de répartition des aliments traditionnels selon le Nutri-Score

Source : UFC Que Choisir

2.3. Un exercice complexe

La construction d’un indice synthétisant plusieurs dimensions reste un exercice très complexe car il convient que sa formulation ne rende pas substituables entre-elles des dimensions qui sont indépendantes.

Si on reprend l’exemple d’une analyse de cycle de vie dont on souhaiterait représenter les résultats par un score, il convient que la construction de celui-ci ne permette pas d’atteindre la même note avec deux stratégies :

  • l’une qui serait vertueuse en termes de gaz à effet de serre mais au détriment d’une dégradation de la qualité des eaux,
  • une autre qui réduirait moins les émissions de GES mais dégraderait moins la qualité des eaux.

En effet les deux problèmes environnementaux sont de nature différentes et cela ne fait aucun sens du point de vue de la biosphère d’en compenser un par un autre. Cet exemple illustre également le fait qu’une dégradation n’a pas forcément le même statut qu’une moindre amélioration (asymétrie entre gain et perte). Ainsi, sans même construire un indice qui agrège plusieurs dimensions, il est possible de choisir entre plusieurs stratégies en commençant par un tamisage de celles qui entraînent des dégradations d’une ou plusieurs dimensions afin de ne garder que les alternatives qui permettent l’amélioration de certaines dimensions du projet mais jamais au détriment d’autres.

C’est en suivant cette logique que l’Union Européenne, lorsqu’elle a établi la taxonomie qui allait permettre de définir les investissements cohérents avec sa politique de transition énergétique et écologique, a retenu le principe de «non préjudice important» afin de ne pas pouvoir retenir des investissements qui contribuerait à un ou plusieurs ODD mais au détriment réel d’un ou plusieurs autres.

3. Version vidéo

Cette leçon est également disponible sous forme vidéo (8'31).

4. Ressources complémentaires

Références bibliographiques / webographiques

Article
  • George T. Doran, « There's a S.M.A.R.T. way to write management's goals and objectives », Management Review, vol. 70, no 11,‎ 1981, p. 35–36

5. Crédits

Cette leçon fait partie du Socle commun de connaissances et de compétences transversales sur l'anthropocène (S3C), produit par la Fondation UVED et soutenu par le Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

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Première édition :  octobre 2023