Témoignages et retours d'expérience d'universités

Acquis d'apprentissage

• Appréhender la diversité des contextes et des possibilités d'enseignement des transitions

Durée de la séquence

• 30 min (entre 3 et 15min par témoignage)

Public

Il s'agit d'un cours optionnel proposé en Langues Etrangères Appliquées, Licence 2. Le public n'est donc pas constitué de scientifiques, et possède peu de connaissances de base, sauf celles acquises au secondaire.

Objectifs

• Sensibiliser les étudiant.e.s aux enjeux TEDS, 
• Acquérir des compétences en lien avec leur pré-professionnalisation, 
• Intégrer ces enjeux dans leur vie hors études.

2021-2022 - Première année d’enseignement

Format « classique ». Cours de TD avec demande de participation à travers un projet « par des étudiant.e.s pour des étudiant.e.s ». Le taux de « rétention » est très faible, les étudiant.e.s apprennent et oublient…aussi vite. Les comportements individuels ou collectifs sont peu modifiés.

2022-2023 - Modification pédagogique

Le même module est proposé sous forme d’ateliers accompagnés : 

• Séance introductive (le cadre du socle commun, ODD, limites planétaires…questionnaire d’auto-évaluation)
• Atelier « Fresque du Climat », débrief et transition
• Atelier « 2 Tonnes », débrief (qu’en retenez-vous)
• Rencontres avec des « bifurcateurs »
• Participation au festival FReDD et actions organisées autour des enjeux (parcours pédagogique, reverdissement…)
• Rencontres avec des experts issus du monde socio-professionnel en lien avec leurs futurs métiers (commerce/communication à l’international) pour un échange autour des pratiques, 
• Rencontres avec des scientifiques pluri-disciplinaires engagés
• Séance de clôture sous forme de contribution libre (qu’est-ce que j’en retiens en tant que personne privée, en tant que citoyen, en tant que futur professionnel et questionnaire d’auto-évaluation).

Bilan

Réception positive de la part des étudiant.e.s qui :

• se sont senti.e.s concerné.e.s,
• ont commencé à intégrer les contraintes dans leur réflexion personnelle, 
• ont commencé à comprendre l’impact sur leurs futurs métiers
• ont appliqué la notion de responsabilité individuelle et collective (la notion de justice émerge toute seule)
• pour certain.e.s se sont engagés volontairement dans des associations (trop peu nombreuses).

2023-2024 - Idées d'amélioration

Intégration d’autres blocs de formation spécifiques en Langues Etrangères Appliquées, par exemple, la Fresque du Climat en langue étrangère.

Genèse

Suite au rapport du Shift Project « Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat » paru en mars 2019, j’ai pris conscience de l’importance de former systématiquement les étudiants sur le réchauffement climatique, au-delà d’éventuels cours optionnels (ce que je fais en L3 depuis 2014). J’ai proposé à mon collègue responsable des L1 et L2 de trouver un créneau d’une vingtaine d’heures pour cela.

Il a ainsi pu dénicher, et ce en plein milieu d’un cycle de « maquette », 18h pour des cours magistraux. L’UE s’appelle « Énergie et climat », elle représente 3 ECTS. Néanmoins, je me suis rapidement rendu compte qu’il fallait aller au-delà de l’unique prisme climat et énergie, pourtant logique pour des étudiants en physique, pour aborder les enjeux écologiques de manière globale et systémique sous l’angle des limites planétaires. J’ai ainsi contacté des collègues d’autres UFR (chimie, sciences du vivant, sociologie) afin qu’ils/elles fassent des cours sur les sujets en dehors de mes compétences (cycles biogéochimiques, biodiversité, sociologie de la transition). L’idée également sous-jacente derrière cette stratégie était de provoquer l’essaimage d’un tel enseignement dans d’autres composantes de l’université. Si cela peine à se réaliser dans les faits, cette idée est toujours d’actualité.

Evolution et description

L’enseignement concerne environ 70-80 étudiants chaque année de la Licence de physique. Il a lieu au second semestre entre mi-mars et mai.

La première année, au printemps 2021, le cours a été donné exclusivement à distance pour cause de pandémie de covid-19. L’évaluation s’est alors faite en contrôle continu avec des QCM en ligne sur chaque cours. Un compte-rendu est disponible sur The Conversation : « Retour d’expérience sur l’enseignement de l’anthropocène à l’université »

Le cours est articulé en 9 séances de 2h (accès au programme détaillé) :

• Introduction à la démarche scientifique
• Réchauffement climatique
• Cycles biogéochimiques
• Biodiversité
• Économie de la transition
• Enjeux des transitions environnementales
• Pollutions
• Énergie dans la société
• Une dernière séance aborde sous forme de discussion les solutions envisageables. Les années suivantes, elle est transformée en un cours sur la décroissance.

L’année suivante, en 2022, nous sommes passés en présentiel exclusif, avec 3 travaux dirigés (TD) de 2 heures en plus, en groupe restreints. Ces TD portent d’une part sur le bilan gaz à effet de serre, avec quelques exercices d’ordre de grandeur pour comprendre le principe, à l’issue desquels les étudiants sont amenés à faire leur propre bilan à l’aide de l’outil en ligne Nos Gestes Climat. Ils doivent récolter préalablement leurs données de consommation annuelles (carburant, chauffage, électricité, alimentation, biens divers). Une discussion s’ensuit sur comment le diminuer (aspects individuels et collectifs) et sur les limites de l’exercice (empreinte du carbone uniquement, inégalités sociales, etc.). Un autre TD porte sur la lecture d’un extrait d’un texte de Ivan Illich (issu de La Convivialité, 1973) avec un regard critique sur la technologie, dans l’objectif d’amener la discussion sur la place de celle-ci dans la société actuelle.

En 2023, j’ai condensé un peu le TD sur le bilan gaz à effet de serre pour ajouter un mini-projet d’inventaire de la biodiversité urbaine du campus et des environs afin de faire prendre conscience aux étudiants de la vie (y compris non cultivée à dessein) qui existe dans les interstices du béton. Le cours a lieu au printemps, fin mars – début avril, ce qui permet à nombre de plantes et d’animaux (insectes, oiseaux) d’être présents. Cet enseignement a lieu sur le campus des Grands Moulins de l’université Paris Cité (Paris 13^e). Divers outils numériques et des livres d’identification étaient à la disposition des étudiants, mais l’application iNaturalist a eu leurs faveurs.

En 2024, nous aurons 2h de cours magistral en plus, 4h de TD en plus, et une formation supplémentaire suivra cet enseignement (une trentaine d’étudiants en double licence physique chimie).

Evaluation et pédagogie

Depuis 2022, l’évaluation de cet enseignement se fait via un examen avec des questions de cours, des calculs d’ordre de grandeur, et un petit texte à analyser et commenter.

Les modalités pédagogiques sont propres à chaque enseignant. Pour ma part, comme dans d’autres cours, j’ai opté pour des cours en « inversé ». À partir de 2022, j’ai donné un fascicule écrit aux étudiants avant le cours contenant l’intégralité de ce qu’il y a à savoir ; devant les étudiants je reviens sur les notions essentielles, je pose des questions de compréhension sous forme de quiz, et je propose des petits calculs d’ordres de grandeur ou des réflexions collectives autour d’un texte ou d’une vidéo projetée au préalable.

Accueil par les étudiants

Les cours magistraux en présentiel ont été peu fréquentés en 2022 et 2023 (environ 30 à 50% de présence, ce qui est néanmoins à mettre en regard avec des effectifs similaires sur les autres enseignements « standards » ces deux années-là), mais les étudiants présents sont assidus et intéressés. 

Un sondage en fin d’enseignement (39% de participation en 2023) montre que 63% des répondants trouvent cet enseignement « nécessaire » ou « utile », 43% ont pris conscience de la gravité de la situation environnementale. À la question «  Ce cours m'a donné envie de m'engager », seulement 27% n’y tiennent pas, les autres envisagent diverses possibilités, dont « réduire son empreinte carbone », en apprendre davantage ou sensibiliser son entourage.

Evaluations et conclusions

Les résultats des évaluations sont malgré tout assez décevants, les questions de cours trop souvent mal répondues sur des aspects pourtant essentiels. Cet enseignement, s’il est apprécié et travaillé par une partie (minoritaire) des étudiants, est probablement considéré comme secondaire et non indispensable par la majorité. Par ailleurs, le format peut-être plus proche des sciences humaines que de la physique pour une bonne partie des cours est peut-être déstabilisant (les étudiants en physique, malgré une formation à leur arrivée à l’université à la « méthodologie universitaire », sont, par exemple, peu habitués à prendre des notes) : le travail demandé, implicitement, de réflexion et de synthèse doit probablement être plus clairement énoncé, voire aidé.

Nous devrons donc réfléchir dans les années suivantes à comment faire en sorte qu’une majorité d’étudiants puisse mieux « intégrer » cet enseignement, à défaut de le digérer rapidement, afin d’améliorer le niveau global de connaissances à la fin du cours.

Version vidéo

Témoignage audio

Climat et Transitions, c'est...

• A la base, une démarche issue d'un collectif interdisciplaine d'enseignants-chercheurs mobilisés depuis octobre 2020 ;
• Aujourd'hui: 1 UE transversale de 2 ECTS en L1, obligatoire aux 3 portails de physique-chimie, biologie, info-maths (~1300 étudiants)
• 14 heures de cours en ligne (plateforme Moodle + QCM d'entrainement)
• 4 amphi-débats répartis sur l'UE
• 1 validation à l'issue de 2 QCM

Un cours en ligne organisé en 6 thèmes

4 amphi-débats répartis sur l'UE

Module Transition - L1

Dans le cadre d’une réponse aux propositions de la commission Jean Jouzel, nous avons, au niveau de l’Université Clermont Auvergne mis en place un module de 24 heures sur la transition pour l’intégralité des Licence 1 de toute l’université (10 000 étudiants) : 

• Un volume de 16 heures est centré sur les approches thématiques (biodiversité, changements climatiques, mobilités, économie sociale et solidaire, santé) 
• Un volume de 6 heures est laissé à l’initiative des écoles (c’est là que sont intégrées les approches éducatives et par compétences). 

La formation est entièrement à distance avec une évaluation de type QCM intégrée aux différentes sous parties.Dans l’impossibilité d’intégrer cet horaire dans les maquettes des différentes licences, c’est sous forme de module que cet enseignement a été conçu, avec l’obligation de réussite pour pouvoir passer en licence 2.

Education et Formation au Développement Durable - Licence Sciences de l'éducation

Dans le cadre plus restreint de la licence Science de l’éducation (500 étudiants en L1, L2 et L3), l’éducation et la formation au développement durable a été intégré directement dans les maquettes ce qui a permis une chronologie du plan de formation :

• Licence 1 : bases éducatives (+ Module Transition obligatoire)
• Licence 2 : Fil conducteur projet, étayé par une FOAD (formation mixte). L'approche compétence DD est associée à une pédagogie de programme et de projets scolaires. 
• Licence 3 : approche projet. Méthodes plus actives, des ruptures liées à la durabilité forte et l’anthropocène, des liens sociétaux beaucoup plus forts.
  

Volume horaire : 22h en L1, +50 en L2 et L3+ 24h en UE libre.

Pour aller plus loin...

Partages d'expérience du colloque ETES 2023

• Former à la transition écologique : entre ce qu'il faut faire et ce que l'on peut faire (Luc Abbadie)
• Comment construire un curriculum pour enseigner les enjeux socio-écologiques de la transition ? L'éclairage de la didactique (Aude Caussarieu)
• "Cultures, écologies, transitions" : construire une formation obligatoire aux enjeux de la transition écologique dans une université ALL-SHS (Olivier Halévy)
• Projet P.A.R.I.S : une action de transformation pédagogique transverse à Université Paris Cité (Léo Houdebine)
  
• Transformer les UE d'anglais en UE sur la transition (Antoine Jolly)
• Enseigner l'économie dans une perspective de transition écologique et sociale : demandez le programme ! (Annick Vignes)
• Enseignement "Anthropocène et limites planétaires" : récit d'une expérience pédagogique en cours pour former massivement les étudiants de licence au enjeux écologiques et sociétaux à l'Université Grenoble Alpes (Théo Vischel)