Les facteurs du déclin de la biodiversité et la Grande Accélération
2. Quantifier et comprendre le déclin de la biodiversité
Le déclin de la biodiversité peut être appréhendé intuitivement, en constatant par exemple le macabrement célèbre syndrome du pare-brise : une réduction sensible du nombre d'insectes écrasés sur les pare-brises des voitures durant les trajets. L'hypothèse du déclin relève alors presque de l'opinion et de la subjectivité.
Mais le déclin peut aussi être démontré, plus scientifiquement, en caractérisant, souvent quantitativement, des faits traduisant une perte objective de biodiversité. C'est une tâche difficile, qui demande d'analyser des bases de données couvrant une période de temps suffisamment longue pour identifier une tendance significative au déclin, et qui requiert de disposer d'indices pertinents pour mesurer la biodiversité. Pour être complète, l'étude du déclin intègre une tâche plus difficile encore, qui consiste à comprendre les facteurs qui en sont à l'origine.
Pour cela, l'humanité dispose de plusieurs organismes de dimension mondiale, dont deux majeurs: l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et la Plateforme Intergouvernementale scientifique et politique sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES).
Créée relativement tôt en 1948, l’UICN est "une autorité mondiale en matière de statut du monde naturel". Vaste réseau impliquant gouvernements, organisations de la société civile et expert.e.s, l'UICN effectue notamment un travail considérable de surveillance d'un nombre limité mais croissant d'espèces biologiques qu'il compile dans un document synthétique appelé Liste Rouge.
Créée plus récemment, en 2012, l'IPBES est un organe intergouvernemental sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies (ONU), produisant, en collaboration avec la communauté scientifique, des rapports de synthèse sur l'état de
la biodiversité, envisagée aux trois niveaux d'organisation du vivant : diversité écosystémique, diversité spécifique, diversité génétique. Parfois considéré comme le "GIEC de la biodiversité", il pérennise l'étude "Évaluation des écosystèmes
pour le millénaire" (MEA) publiée en 2005 à la demande de l'ONU.