Les inégalités socio-environnementales : cadrage et notions
2. De quoi s'agit-il ?
2.1. La justice environnementale
La justice
environnementale correspond à un mouvement social né aux États-Unis dans le prolongement du mouvement des droits civiques initié par Martin Luther King dans les années 1960 et possédant des connexions avec le mouvement syndical United Farm Workers
[Ouvriers agricoles unis] en lien à la surexposition des populations défavorisées et racisées aux pollutions environnementales et aux risques qui y sont associés. Elle repose sur l’identification géographique de ces risques ainsi que des critères
sociaux pour y remédier.
Selon Nayla Naoufal (2016), Robert D. Bullard – un des universitaires fondateurs du mouvement – définit la justice environnementale en 1990 :
« [La justice environnementale est] un traitement juste et une participation significative de toutes les personnes, quels que soient leur race, leur couleur de peau, leur origine nationale et leur revenu, à l’égard de l’élaboration, de la mise en œuvre et de l’application des règlements, des politiques et des lois en matière d’environnement. Un traitement juste signifie qu’aucune communauté, y compris les communautés raciales, ethniques ou socio-économiques, ne subit une exposition disproportionnée aux conséquences environnementales néfastes résultant d’opérations municipales, commerciales et industrielles ou de la mise en œuvre de politiques et programmes locaux, tribaux, étatiques et fédéraux »
— Traduction libre, Bullard, 1990, p. 7
Le racisme environnemental existe lorsque l’accès à un milieu de vie sain est impossible pour des communautés spécifiques, désavantagées en raison de l’un ou plusieurs des aspects de leur identité sociale et ce, que ce soit délibéré ou non. Le racisme environnemental peut être local, régional, national, transnational ou mondial. La première Conférence Globale contre le Racisme se tient à Durban en Afrique du Sud en 2001. Les pratiques d’exportation en provenance de pays « développés » de déchets toxiques vers des pays « en développement » ou « émergents » sont un exemple de racisme environnemental global.