La notion de communs
2. Communs ? Vous avez dit communs ? Comme c'est bizarre !
2.1. Préambule
Les communs désignent des formes d'usage et de gestion collective d'une ressource ou d'une chose par une communauté. Cette notion permet de sortir de l'alternative binaire entre privé et public en s'intéressant davantage à l'égal accès et au régime de partage et décision plutôt qu'à la propriété.
Les domaines dans lesquels les communs peuvent trouver des applications comprennent
- l'accès aux
ressources
- au logement
- et à la connaissance.
Le ou les communs ne doivent pas être compris comme un bien qui appartiendrait à tous, mais comme un principe d’organisation qui découle d’une activité commune, celle des membres de la société. Un commun ne réunit pas des consommateurs du marché ou des usagers d’une administration extérieurs à la production, ce sont plutôt des coproducteurs qui œuvrent ensemble à l’édiction de règles ainsi qu’à leur mise en œuvre. Seul l’acte d’instituer les communs fait exister les communs, à rebours d’une ligne de pensée qui fait des communs un donné préexistant qu’il s’agirait de reconnaître et de protéger, ou encore un processus spontané et en expansion qu’il s’agirait de stimuler et de généraliser.
Pour les grecs (koinôn - mettre en commun), « vivre ensemble » ce n’est pas, comme dans le cas du bétail, « paître au même endroit », ce n’est pas non plus tout mettre en commun, c’est « mettre en commun des paroles et des pensées », c’est produire, par la délibération et la législation, des mœurs semblables et des règles de vie s’appliquant à tous ceux qui poursuivent une même fin. L’institution du commun (koinôn) est l’effet d’« une mise en commun » qui suppose toujours une réciprocité entre ceux qui prennent part à une activité ou partagent un mode d’existence.
Le commun ne relève ni de l’essence des hommes ni de la nature des choses, mais de l’activité des hommes eux-mêmes : seule une pratique de mise en commun peut décider de ce qui est « commun », réserver certaines choses à l’usage commun, produire les règles capables d’obliger les hommes.
Le commun appelle à une nouvelle institution de la société.