2. La naissance du web

2.1. Trois principes

Premier principe

Un premier principe qu’il ne faut pas oublier et qui s’applique à tous les outils de l’homme ! Qu’on le veuille ou non, l’outil INTERNET, le numérique est là, agissant sur les perceptions du monde, sur notre présence au monde, sur notre être, toujours dans ce qui est structurel de nos outils - le Pharmakos, détaillé par Platon et repris par Bernard Stiegler qui exprime le fait que dans tout outil se côtoie ce qui émancipe et ce qui détruit - que tout remède est également poison ! Et l’INTERNET n’échappe pas à cela !

Deuxième principe

Le discours standard numérique rime avec dématérialisation. Or il faut nous rendre à l’évidence - la dématérialisation n’est qu’une surface qui cache une réalité qui n’a rien d’immatériel ! Rappelons que notre environnement numérique est essentiellement matériel. Il n’existerait pas sans les câbles sous-marins, les terres rares, les minerais, les data centers,... Ils sont tout simplement nécessaires au fonctionnement de l’économie du numérique. Nous sommes en effet bien loin de la dématérialisation affichée en façade. De plus, quoi qu’on en dise en surface, cette économie du numérique repose essentiellement sur des modèles formels anciens et centralisés tant dans la distribution que dans son organisation - sommes-nous réellement sur de nouveaux modèles ou notre technologie n’est-elle là que pour optimiser les processus anciens de la production, de l’éducation, de la citoyenneté pour ne citer qu’eux ? De plus, aussi moderne soit-elle, son impact écologique est désastreux ! Par exemple, l’économie numérique consomme davantage d’énergie que l’ensemble du secteur de l’aviation.

Troisième principe

Il vient des questions que nous pouvons nous poser sur l’adéquation entre les concepts et les mots que nous employons et la réalité du monde moderne, d’un XXIème siècle qui remet en questions bon nombre de concepts de base de la société et les mutations et transitions à l’œuvre. Tout cela pouvant se résumer en une question : et si les mots et les concepts que nous utilisons étaient inopérants pour décrire les mutations en cours ? Tous les espaces, tous les concepts que nous manipulons, de l’école à l’éducation et la formation, tout cela repose encore sur des bases issues du XIXème siècle ! Pour s’en convaincre, il suffit juste de regarder autour de nous - ville, rues, supermarchés, consommation, scolarisation, démocratie, .... tout ce qui balise notre société est issu d’un siècle qui n’a plus rien à voir avec ce qui est dans ce siècle naissant. Le monde est en mutation et une part de cette mutation est due à la dimension numérique de ce monde - un monde ubiquitaire, distribué, connecté. Un outil qui fait des humains, des êtres connectés, nomades, qui établissent de nouveaux rapports au temps et à l’espace, à l’action, à l’engagement, au travail, au corps. Quand presque un humain sur deux est connecté au réseau, quand quasiment chaque recoin de la Terre est connecté et connectable, quand cette connectivité s’est installée dans toutes les cultures, tous les pays, toutes les sociétés humaines, ... et que nous continuons à penser le monde avec des concepts issus d’un temps dans lequel tout cela n’existait pas...

Alors quelles mutations ? quelles ruptures ? pour vraiment entrer dans le XXIème siècle.